Édition du lundi 2 mars 2015
Presque un jeune sur deux issu de l'immigration africaine est pauvre
Une étude de France Stratégie (le Commissariat général à la stratégie et à la prospective) publiée hier dresse un bilan bien sombre de la politique d’intégration en France. Intitulée Jeunes issus de l'immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?, cette étude livre des résultats qui, s’ils ne sont pas surprenants, sont néanmoins inquiétants.
Dans tous les domaines – éducation, logement, emploi, citoyenneté, santé… – les jeunes issus de familles immigrées, et singulièrement africaines et maghrébines, sont moins, voire beaucoup moins bien placés que des jeunes « sans ascendance migratoire directe ».
L’étude porte bien, il faut le noter, non sur les immigrés eux-mêmes mais sur leurs enfants, c’est-à-dire des jeunes qui sont, dans la plupart des cas, de nationalité française. Ce qui ne les empêche pas d’être plus pauvres, moins diplômés, plus souvent chômeurs, surexposés à la précarité.
Certains chiffres sont accablants : alors que 64,2 % des jeunes d’origine française (que l’étude appelle les « natifs » ) obtiennent le bac, le chiffre tombe à 33 % pour les jeunes issus de famille immigrées turques. 30 % des jeunes issus de familles africaines sortent du système éducatif sans diplôme, contre 16 % chez les natifs.
Les chiffres de chômage sont également sans appel : si 22 % des jeunes de moins de 25 ans sans ascendance migratoire sont au chômage – ce qui est déjà énorme – ce sont 42 % des descendants de familles africaines ou maghrébines de cette classe d’âge qui n’ont pas de travail ! De tous les enfants d’immigrés, relève l’étude, ce sont toujours ceux venus d’Afrique qui sont le plus défavorisés, notamment en termes de discrimination à l’embauche. Et même pour ceux qui ont du travail, c’est également dans cette catégorie que l’on trouve le plus gros écart entre le diplôme obtenu et la qualification de l’emploi : on trouve fréquemment à des postes de magasiniers ou en usine des jeunes issus de familles africaines, munis d’un diplôme à bac +3 voire bac +5.
Les jeunes issus de l’immigration sont aussi moins nombreux dans la fonction publique – à l’exception notable de la fonction publique hospitalière où les enfants d’immigrés africains sont surreprésentés ; mais pas en tant que chirurgiens ou chefs de service…
Bien qu’il soit difficile de savoir s’il s’agit d’une cause ou d’une conséquence de cette situation de sur-chômage, les descendants de familles étrangères sont également les plus mal logés et, tout simplement, les plus pauvres. La « getthoïsation », voire « l’apartheid » qu’évoquait récemment le Premier ministre, est à l’œuvre : presque 40 % des descendants d’immigrés africains vivent, par exemple, dans les 10 % de communes qui comptent le plus de chômeurs. Plus frappant encore : alors que 4 % des « natifs » habitent en ZUS, ce sont un quart des jeunes issus de l’immigration africaine qui y vivent.
Mais le chiffre le plus inquiétant est certainement celui de la pauvreté : 44 % des jeunes issus de l’immigration africaine vivent, dans ce pays, en-dessous du seuil de pauvreté – contre 11,3 % des jeunes sans ascendance migratoire directe.
Il y a du chemin à faire, on le voit en parcourant l’étude, pour que « l’égalité républicaine » devienne autre chose qu’une belle formule.
Télécharger l’étude.
Dans tous les domaines – éducation, logement, emploi, citoyenneté, santé… – les jeunes issus de familles immigrées, et singulièrement africaines et maghrébines, sont moins, voire beaucoup moins bien placés que des jeunes « sans ascendance migratoire directe ».
L’étude porte bien, il faut le noter, non sur les immigrés eux-mêmes mais sur leurs enfants, c’est-à-dire des jeunes qui sont, dans la plupart des cas, de nationalité française. Ce qui ne les empêche pas d’être plus pauvres, moins diplômés, plus souvent chômeurs, surexposés à la précarité.
Certains chiffres sont accablants : alors que 64,2 % des jeunes d’origine française (que l’étude appelle les « natifs » ) obtiennent le bac, le chiffre tombe à 33 % pour les jeunes issus de famille immigrées turques. 30 % des jeunes issus de familles africaines sortent du système éducatif sans diplôme, contre 16 % chez les natifs.
Les chiffres de chômage sont également sans appel : si 22 % des jeunes de moins de 25 ans sans ascendance migratoire sont au chômage – ce qui est déjà énorme – ce sont 42 % des descendants de familles africaines ou maghrébines de cette classe d’âge qui n’ont pas de travail ! De tous les enfants d’immigrés, relève l’étude, ce sont toujours ceux venus d’Afrique qui sont le plus défavorisés, notamment en termes de discrimination à l’embauche. Et même pour ceux qui ont du travail, c’est également dans cette catégorie que l’on trouve le plus gros écart entre le diplôme obtenu et la qualification de l’emploi : on trouve fréquemment à des postes de magasiniers ou en usine des jeunes issus de familles africaines, munis d’un diplôme à bac +3 voire bac +5.
Les jeunes issus de l’immigration sont aussi moins nombreux dans la fonction publique – à l’exception notable de la fonction publique hospitalière où les enfants d’immigrés africains sont surreprésentés ; mais pas en tant que chirurgiens ou chefs de service…
Bien qu’il soit difficile de savoir s’il s’agit d’une cause ou d’une conséquence de cette situation de sur-chômage, les descendants de familles étrangères sont également les plus mal logés et, tout simplement, les plus pauvres. La « getthoïsation », voire « l’apartheid » qu’évoquait récemment le Premier ministre, est à l’œuvre : presque 40 % des descendants d’immigrés africains vivent, par exemple, dans les 10 % de communes qui comptent le plus de chômeurs. Plus frappant encore : alors que 4 % des « natifs » habitent en ZUS, ce sont un quart des jeunes issus de l’immigration africaine qui y vivent.
Mais le chiffre le plus inquiétant est certainement celui de la pauvreté : 44 % des jeunes issus de l’immigration africaine vivent, dans ce pays, en-dessous du seuil de pauvreté – contre 11,3 % des jeunes sans ascendance migratoire directe.
Il y a du chemin à faire, on le voit en parcourant l’étude, pour que « l’égalité républicaine » devienne autre chose qu’une belle formule.
Télécharger l’étude.
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